#52 [French] Ris-Orangis & Ville Hybride: Réinventer les Espaces de Vie Urbains

Episode 58 November 22, 2023 00:26:34
#52 [French] Ris-Orangis & Ville Hybride: Réinventer les Espaces de Vie Urbains
Smart in the City – The BABLE Podcast
#52 [French] Ris-Orangis & Ville Hybride: Réinventer les Espaces de Vie Urbains

Nov 22 2023 | 00:26:34

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Tamlyn Shimizu

Show Notes

Dans ce tout premier épisode en français du podcast, nous avons eu le plaisir d'acceuillir Stéphane Raffalli, le maire de la ville de Ris-Orangis, située en Île-de-France, et Myfanwy Boudry, Cheffe de projets Assistance à maitrise d’usage chez Ville Hybride, une agence en innovation sociale et urbaine.

Nous avons notamment discuté avec eux du projet d'assistance à maîtrise d'usage et de réaménagement du parc de la Theuillerie, un espace naturel stratégique de Ris-Orangis. 

Nous avons également parlé de collaboration entre les secteurs privés et publics, de démocratie participative, et des défis que rencontre la ville de Ris-Orangis, tels que la désindustrialisation et la gentrification dans la seconde couronne parisienne.

 

Résumé de l'épisode:

[00:02:44] Teaser : une brève description de Ris-Orangis et du projet du Parc de la Theuillerie

[00:02:55] Les parcours professionnels de Stéphane Raffalli et Myfanwy Boudry

[00:04:23] Quels sont les principaux déjà à relever pour Ris-Orangis ?

[00:06:13] Quel est le rôle de Ville Hybride dans le projet du Parc de la Theuillerie ?

[00:07:06] En quoi les collaborations entre secteurs privés et publics fonctionnent-elles bien et en quoi parfois peuvent-elles échouer ? Quelles peuvent en être les limites ?

[00:08:54] Qu'est-ce que "remettre le vivant au coeur du projet urbain" signifie dans le contexte de ce projet ?

[00:10:42] Quelles méthodes ou plateformes sont utilisées pour consulter les citoyens dans ce projet ?

[00:11:39] Ce modèle de démocratie participative prend-il de plus en plus d'importance dans la gestion de la ville ?

[00:14:02] Quel futur pour le Parc de la Theuillerie et son projet de réaménagement ?

[00:15:22] Si nos invités avaient des ressources illimitées, qu'auraient-ils fait différement au cours de ce projet ?

[00:19:26] Inverser le scénario : nos invités se posent les questions !

[00:23:33] Question récurrente : selon vous, qu'est-ce qu'un Smart City ?

 

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Episode Transcript

[00:00:06] Tamlyn Shimizu: Welcome to Smart in the City, the BABLE podcast, where we bring together top actors in the Smart City arena, sparking dialogues and interactions around the stakeholders and themes most prevalent for today's citizens and tomorrow's generations. I am your host, Tamlyn Shimizu, and I hope you will enjoy this episode and gain knowledge and connections to accelerate the change for a better urban life. Smart in the city is brought to you by BABLE Smart Cities. We enable processes from research and strategy development to co creation and implementation. To learn more about us, please visit the BABLE platform at bable-smartcities.eu. [00:00:45] Tamlyn Shimizu: This is a special podcast and will be done in French, the first of its kind, by my amazing colleague Jeanne Tallon, who works in communications and in growth for France for BABLE Smart Cities. We want to reach people across different regions, so don't be surprised when you see the different languages popping up. Without further ado, I hand the mic to Jeanne. [00:01:07] Jeanne Tallon: Bonjour et bienvenue dans le tout premier épisode en français de Smart in the City, le podcast créé par BABLE Smart Cities, le facilitateur des villes durables et connectées en Europe. Je suis Jeanne Talon, chargée de communication chez BABLE. Et bien que d'ordinaire, je suis plutôt la main invisible derrière les épisodes du podcast, aujourd'hui, j'ai le très grand plaisir de passer de l'autre côté du micro et d'être votre hôte francophone pour cet épisode. Épisode, par ailleurs, des plus intéressants, puisque nous allons parler assistance à maîtrise d'usage pour un projet de réaménagement du parc de la Theuillerie à Ris-Orangis, situé en Ile-de-France. Je n'en dirai pas plus pour l'instant et je laisserai nos invités vous en parler plus en détail juste après vous les avoir présentés. [00:01:50] Jeanne Tallon: Donc, il faut savoir que chez BABLE Smart Cities, un de nos piliers d'action est de faciliter les partenariats entre le secteur privé et le secteur public. Donc, on apprécie toujours beaucoup d'avoir des représentants de ces deux points de vue dans le podcast. C'est pourquoi j'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui Stéphane Raffalli, le maire de Ris-Orangis. Bonjour et bienvenue. [00:02:12] Stéphane Raffalli: Bonjour. [00:02:13] Jeanne Tallon: Et également avec nous, Myfanwy Boudry, chef de projet Assistance à maîtrise d'usage chez Ville Hybride, une agence en innovation sociale et urbaine. Bienvenue dans ce podcast. Bonjour. Avant de commencer dans les détails et de commencer à entrer dans le vif du sujet, je vous propose une petite mise en jambe où je vais vous demander à chacun, respectivement, de décrire en trois mots seulement Ris-Orangis et le projet de réaménagement du Parc de la Theuillerie. Stéphane Raffalli, si vous voulez commencer. [00:02:44] Stéphane Raffalli: Ris-Orangis est une ville populaire de la région parisienne. [00:02:49] Myfanwy Boudry: Le projet du Parc de la Theuillerie, c'est un projet de réaménagement d'un parc public. en entrée de l'UISO-Rangis. [00:02:55] Jeanne Tallon: Merci beaucoup pour ces réponses brèves et informatives. Et donc pour donner peut-être un petit peu plus maintenant de contexte à nos auditeurs, notamment en regardant vos parcours professionnels, d'où vous menez, je vais vous demander ce qui vous a mené aujourd'hui à vos postes respectifs, peut-être cette fois-ci en commençant par 1028 Baudry. [00:03:13] Myfanwy Boudry: Du coup moi j'ai un parcours académique en sciences sociales et en urbanisme, et en fait j'ai fait un stage en assistance à maîtrise d'usage tourné sur la notion du genre, sur une structure qui s'appelle womanability, et ça m'a donné envie de justement continuer sur cette démarche spécifique de conservation, pousser un peu plus loin, et donc ça fait un an là que je travaille pour Ville Hybride dans l'assistance à maîtrise d'usage. [00:03:36] Jeanne Tallon: Merci beaucoup. Stéphane, rappellez-nous. [00:03:38] Stéphane Raffalli: Moi, je suis né à Ris-Orangis il y a maintenant longtemps, il y a 55 ans très précisément. J'y suis né et après avoir réussi mes études, après avoir prêté serment plus précisément, puisque je suis devenu avocat, j'ai décidé de m'engager dans cette ville que je connaissais bien, enfin que je croyais bien connaître plus précisément. Et donc, dès l'âge de 25 ans, j'ai milité politiquement et puis j'ai gravi les échelons. Et un jour, le maire, qui était là depuis 18 ans, a décidé de me passer le relais. C'est comme ça que je suis devenu maire il y a 11 ans maintenant. [00:04:13] Jeanne Tallon: Vous connaissez bien Ris-Orangis. [00:04:15] Stéphane Raffalli: On finit jamais de découvrir la ville dans laquelle on milite ou où on exerce des fonctions publiques. [00:04:23] Jeanne Tallon: J'imagine. Et donc, justement, concernant Ris-Orangis, selon vous, quels sont les principaux défis à relever en ce moment ? Quelles sont les priorités de la ville ? [00:04:32] Stéphane Raffalli: Alors on est en seconde couronne parisienne et on a connu depuis une quarantaine d'années des phénomènes de désindustrialisation et de gentrification qui ont affecté notamment les périphéries des métropoles. C'est vrai dans la région parisienne, mais c'est vrai dans toutes les métropoles françaises, même à l'échelle mondiale, on le constate. Il y a des concentrations de richesses économiques, universitaires, académiques, médiatiques, politiques, plutôt dans les centralités. Et on voit que les franges, les lisières des métropoles, elles se sont paupérisées. et on a subi de plein fouet à Ris-Orangis, et dans l'agglomération de Ris-Orangis on a subi de plein fouet ces phénomènes avec une perte de valeur, avec notamment des emplois qui ont disparu sur ce territoire, qui se sont concentrés loin des habitations. Et donc on a un défi à relever, c'est de recréer de la valeur dans notre territoire pour éviter notamment les difficultés de mobilité qui sont une des grandes plaies des habitants de Seconde Couronne. [00:05:37] Jeanne Tallon: Et c'est donc dans ce contexte que se déroule ce projet de réaménagement du Parc de la Theuillerie. [00:05:42] Stéphane Raffalli: Exactement. Le Parc de la Theuillerie, qui est un petit joyau de 4 hectares, est un espace qui avait été oublié, qui est un des patrimoines disponibles et qui a besoin d'être valorisé, réenchanté. C'est un parc naturel avec des valeurs d'usage, mais aussi des valeurs écologiques qu'on avait sans doute oubliées. Et donc pour l'habitabilité, la vie, le bien-vivre, sur ce territoire de banlieue, on a besoin de prendre conscience de ce patrimoine et de le révéler. [00:06:13] Jeanne Tallon: Et donc, Myfanwy Boudry, quel est le rôle de Ville Hybride dans ce projet ? Est-ce que peut-être vous pouvez nous parler un petit peu plus en détail de ce en quoi il consiste ? [00:06:23] Myfanwy Boudry: Du coup, en fait, la ville avait ce territoire où il manquait d'une vision, d'un projet, et elle nous associait sollicité en tant qu'assistante à maîtrise d'usage pour venir interroger les habitants et toutes les parties prenantes locales pour savoir qu'est-ce qu'on souhaite faire de cet espace, comment on peut le valoriser et pas détruire l'existant parce qu'il y a toujours un contexte déjà là. On travaille en collaboration avec une équipe de maîtrise d'œuvres, un groupement avec des paysagistes, Urban Eco, des architectes ALT que je salue, sur ce projet pour, main dans la main, faire une proposition à la ville, aux habitants. Progressivement, on monte un projet en plusieurs phases pour amener un projet commun sur cet espace qui était délaissé. [00:07:06] Jeanne Tallon: Ce projet réunit donc et fait intervenir plusieurs parties prenantes et les font collaborer ensemble. [00:07:14] Jeanne Tallon: Stéphane Raffalli, selon vous, en quoi ces collaborations entre secteurs privés et publics fonctionnent-elles bien et en quoi parfois peuvent-elles échouer ? Quelles peuvent être les limites selon vous ? [00:07:27] Stéphane Raffalli: L'association entre un élu, un maire, ses équipes, les élus municipaux, une administration et des partenaires extérieurs, c'est une hybridation des savoir-faire qui est absolument essentielle. Et là, on s'est doté, la ville s'est dotée de deux expertises extérieures, une maîtrise d'œuvre urbaine avec des spécialistes de l'aménagement et du paysage et de la biodiversité, des écologues, ils sont très importants dans le dispositif, et puis des spécialistes aussi des sciences participatives, c'est-à-dire de la démocratie locale. Là aussi, il y a une technicité particulière. puisque les seules forces municipales, élus et administrations, ont quelques limites. Et donc de greffer au savoir-faire municipal des savoir-faire extérieurs, c'est une plus-value évidente, et ce qui nous a permis d'avoir des données qu'on n'aurait sans doute pas eues si on était resté seul à travailler avec simplement l'administration et les élus de la ville. Et donc ça nous a permis d'avoir cette expertise et surtout d'aller chercher l'avis des habitants, c'est ça qui nous importait dans le projet, c'est ça aussi le rôle de Ville Hybride, c'est d'aller chercher la parole des usagers, des riverains qui souvent ont du mal à participer aux débats publics, on le voit au cours des élections où le taux de participation ne cesse de baisser depuis de nombreuses années. [00:08:53] Jeanne Tallon: Tout à fait. [00:08:54] Jeanne Tallon: Et donc, en fait, ces deux piliers du projet, donc de démocratie participative pour donner la voie aux citoyens et, d'autre part, les préoccupations écologiques, on a pu le résumer de la façon suivante. Il s'agit de remettre le vivant au cœur du projet urbain. Alors, qu'est-ce que ça signifie exactement et concrètement ? Myfanwy Boudry, qu'est-ce que ça veut dire, remettre le vivant, donc la biodiversité comme l'humain, au cœur de l'urbain ? [00:09:24] Myfanwy Boudry: Pour la part biodiversité, c'est travailler avec des écologues qui peuvent apporter des faits concrets sur, OK, si on met un cheminement par ici, quel va être l'impact ? Si on ferme le parc la nuit, quel va être l'impact ? De mettre une objectivité, faire un vrai recensement de l'état de la biodiversité aujourd'hui pour aussi voir l'impact futur du projet, penser au long terme avec l'implantation d'essences qui vont malheureusement suivre au changement climatique. et remettre l'humain au centre du projet, c'est ne pas avoir un pré-projet, mais aller voir les habitants avec un constat qui est juste celui que c'est un espace délaissé à valoriser. et leur demander quels sont leurs usages, quels sont leurs usages passés, leurs souvenirs, avoir un port sensible à cet espace urbain, et ensuite travailler sur, une fois qu'on a fait ce diagnostic partagé, sur des scénarios, des pistes, qui ce sont les habitants qui vont hiérarchiser eux-mêmes. Donc, du A à Z, on implique les habitants dans un jeu d'aller-retour entre élus maîtrise d'œuvre AMU, donc assistants à maîtrise d'usage, et habitants. pour toujours impliquer toutes les parties prenantes, ne pas s'arrêter à la phase diagnostique et leur montrer un projet tout fini, mais vraiment à chaque étape, retourner voir les habitants pour leur montrer notre avancement et en dialoguer ensemble. [00:10:42] Jeanne Tallon: Et quelles méthodes ou plateformes spécifiques sont utilisées pour consulter les citoyens dans ce projet ? Comment est-ce que vous vous y prenez ? [00:10:52] Myfanwy Boudry: On utilise des outils issus des sciences sociales, de la sociologie et de l'anthropologie, donc on a fait un travail important d'observation, d'immersion, d'entretien semi-directif avec de nombreux acteurs et des acteurs qui ne sont pas toujours interrogés. comme par exemple les personnes qui nettoient le parc, les gestionnaires, les techniciens, mais aussi les collégiens à la sortie des cours, des personnes qui, comme disait M. Raffalli, n'ont pas l'habitude de participer au processus de démocratie participative. En fait, nous, on est vraiment dans une démarche d'aller vers, donc on se rend dans les associations, dans la zone d'activité à proximité, parce qu'on ne peut pas attendre des gens qui viennent eux-mêmes en mairie. justement aller vers et donner place à ces paroles-là. [00:11:39] Jeanne Tallon: Et donc ce modèle participatif, Stéphane Raffalli, j'imagine qu'il a déjà été testé, il a déjà été utilisé. Est-ce que c'est le cas ? Est-ce que vous pensez qu'il prend de plus en plus d'importance aujourd'hui dans la gestion de la ville ? [00:11:54] Stéphane Raffalli: Il est fondamental, mais il a été longtemps confisqué sur un certain nombre de territoires. Il s'enregistre participe d'une agglomération qui est une ancienne ville nouvelle, où on fabriquait la ville, sans l'avis des citoyens, par des décisions extrêmement verticales, des décisions qui venaient de l'État, on dépêchait un ingénieur très intelligent et qui décidait de tout sans en référer aux élus locaux et aux populations locales. Ça a produit des choses assez positives puisqu'on a vu émerger des deals avec beaucoup d'emplois, des grands comptes économiques qui se sont installés, mais à partir des années 80, les choses se sont gâtées. Quand l'État a disparu et n'avait plus les moyens de ses ambitions, alors les territoires se sont retrouvés seuls. Et donc l'effort de retourner vers les habitants, c'est une forme de, je dirais, de résilience qui permet à l'ensemble des forces encore disponibles sur le territoire de s'exprimer et de produire une plus-value collective. La matière première de l'expression citoyenne est absolument essentielle aujourd'hui si on veut réussir un projet d'aménagement. Les méthodes de la ville nouvelle, aujourd'hui, elles doivent être prises à revers. On est sortis de l'ère de la modernité et il nous faut aujourd'hui, plutôt que d'urbaniser, d'urbaniser encore, etc., il faut plutôt penser à une articulation entre répondre à des besoins sociaux évidents, l'emploi, un. [00:13:24] Myfanwy Boudry: Habitat. [00:13:27] Stéphane Raffalli: De bonne qualité, de la résidence mais aussi des usines et des entreprises, mais aussi un rapport aux vivants. Ce qu'on avait longtemps oublié, on a sur cette agglomération, sur 22 000 hectares, on a urbanisé en 40 ans 6 000 hectares. 25% des sols qui étaient disponibles, qui étaient des terres agricoles pour la plupart, ont été urbanisés. Évidemment, cette frénésie, je dirais, d'urbanisation, elle doit être revue à la baisse, on doit ralentir et trouver la bonne articulation entre développement et en même temps respect du vivant. [00:14:02] Jeanne Tallon: Tout à fait, très important. Et donc, pour ce projet, quand est-ce qu'il est censé se terminer ? Est-ce qu'il est censé se terminer ? Quel est l'avenir de ce projet ? Et comment est-ce que son impact pourra être mesuré ? [00:14:18] Myfanwy Boudry: Du coup, on a commencé ce projet il y a maintenant un an. On a fait le choix d'avoir une longue phase de diagnostic qui nous a permis de vraiment établir un dialogue avec de nombreux acteurs qui maintenant sont investis dans le projet et qui participent par exemple à l'animation de temps conviviaux dans le parc. On souhaite que ce n'est pas juste, on vous demande votre opinion, mais c'est aussi participer dès aujourd'hui à créer la vie du parc. On a eu 8 mois de diagnostic, Maintenant on a eu un moment de hiérarchisation des scénarios proposés et actuellement on est dans un moment de précision de tous ces éléments avec le dessin d'un plan d'aménagement. d'un plan d'animation et d'un plan d'activation, parce que justement, on ne veut pas qu'une fois que notre mission soit finie, le projet et la dynamique s'arrêtent. On veut anticiper comment on garde l'énergie sociale, les envies des différentes situations qu'on a mobilisées avant, pendant et après les travaux à travers ce plan d'activation. C'est un peu comme ça qu'on voit le moyen terme. [00:15:22] Jeanne Tallon: Très bien. Donc une dernière question dans cet entretien adressée à vous deux. Si vous aviez des ressources illimitées à disposition, qu'elles soient financières, matérielles, administratives, humaines, tout le sens du terme, qu'est-ce que vous feriez différemment ou qu'est-ce que vous auriez fait différemment peut-être au cours de ce projet ? Yvonne et Baudry, si vous voulez commencer. [00:15:46] Myfanwy Boudry: Je pense qu'on a vraiment eu des temps de qualité lors de nos ateliers avec les jeunes de la ville, à la jeunesse notamment, et dans les associations dédiées aux femmes de la ville, femmes issues du parcours en réinsertion, ce genre de choses. Donc j'aurais souhaité avoir encore plus de temps avec ces publics tout le long de la démarche, parce qu'évidemment aller chercher ces personnes-là, ça prend un petit peu plus d'énergie. Donc, je pense que continuer à avoir ces acteurs-là, c'est la chose que j'aurais fait si j'avais eu encore plus d'énergie et de temps. [00:16:17] Jeanne Tallon: Très bien, très positif. Stéphane Raffalli ? [00:16:19] Stéphane Raffalli: Moi, je pense qu'on n'aurait pas changé grand-chose. C'est-à-dire que la méthode telle qu'elle a été déroulée était la bonne. C'est-à-dire une phase diagnostique approfondie en rapport avec les habitants. Et ensuite, la proposition de scénario et la cristallisation sur un schéma puisqu'on est à ce stade-là. On est à un moment de cristallisation et on va passer à la phase Si j'avais des moyens illimités, j'accélérerais la phase opérationnelle, c'est-à-dire de réaliser ce qu'on a imaginé pour cet espace de 4 hectares. C'est une vraie gageure que de trouver des financements pour un territoire comme le nôtre, c'est un enjeu de l'ordre de 5 millions d'euros, donc c'est une somme et il nous faudra beaucoup d'énergie pour aller chercher les financements auprès des bailleurs de fonds disponibles pour ce type de projet. Donc, sa réalisation, elle va prendre du temps parce que les sources de financement ne sont pas évidentes et ne sont pas mécaniques. Donc, si j'avais beaucoup d'argent, on réaliserait le projet imaginé par Alt et Ville Hybride dans les prochains mois. [00:17:25] Jeanne Tallon: Oui, chez BABLE, c'est aussi ce genre de problématique qu'on voit qui ralentit le plus la transition urbaine. Et dans plein de projets urbains, c'est souvent la lenteur administrative et en effet, la question du financement qui est en premier plan des besoins des villes. Mais somme toute, vos réponses sont plutôt positives. [00:17:45] Jeanne Tallon: Donc gage que le projet se déroule bien. Maintenant, avant de passer à la suite de cet épisode et de conclure la première partie de cet entretien, je voudrais vous laisser l'opportunité de vous exprimer sur un sujet dont on n'aurait peut-être pas. [00:18:00] Jeanne Tallon: Parlé, sur quelque chose qui vous tient. [00:18:03] Jeanne Tallon: À cœur et que vous n'avez pas pu aborder à travers les questions que je vous ai posées, que ce soit à propos du projet ou peut-être d'un sujet plus général. Stéphane Raffalli, si vous voulez commencer. [00:18:15] Stéphane Raffalli: Là on parle d'un espace circonscrit à 4 hectares, mais mon souhait c'est d'intégrer cet aménagement localisé dans une stratégie plus large à l'échelle de l'agglomération et notamment d'intégrer le projet de la théorie dans un corridor vert. qui irait de la forêt de Sénard jusqu'à la Seine et qui serait un des points d'étape de ce corridor de biodiversité qu'on perçoit sur notre territoire de banlieue, mais qui mérite maintenant d'être concrétisé. [00:18:51] Myfanwy Boudry: Moi, de mon côté, je voulais remettre en avant cette démarche qui est l'assistance à maîtrise d'usage, qui est maintenant représentée par un réseau en France, le réseau AMU France, parce que je pense que le triptyque maîtrise d'ouvrage, maîtrise d'œuvre et maîtrise d'usage, ça fait progresser le projet. Celui qu'on propose, il est plus riche que celui qu'on aurait eu sans tout ce travail de démocratie participative. Et il fait aussi gagner du temps. De certaine façon, c'est le retour qu'on a de notre maîtrise d'œuvre. Et ça, c'est agréable à voir qu'il y a des impacts concrets qui se voient aujourd'hui au cours de la mission. [00:19:26] Jeanne Tallon: Parfait. [00:19:26] Jeanne Tallon: Donc, nous passons maintenant à une partie du podcast consacrée à une certaine activité. En l'occurrence, pour cet épisode, il s'agit de l'activité Flip the Script, que nos auditeurs anglophones connaîtront bien et qu'on pourrait traduire très littéralement par « inverser le scénario ». [00:19:42] Jeanne Tallon: En temps normal, ce serait l'invité qui poserait une question à l'hôte, mais j'ai la chance d'avoir en face de moi deux interlocuteurs venant de deux secteurs différents, de deux horizons professionnels différents, donc je vais plutôt vous demander si vous avez des questions l'un pour l'autre. [00:19:59] Stéphane Raffalli: Sans doute. Moi, j'ai toujours eu une difficulté à me positionner. Le maire, il a une fonction évidemment de décision ultime dans ce type de projet et je voudrais savoir si la position que j'ai adoptée était la bonne, est-ce que j'étais trop présent, pas assez présent. La perception de l'AMO, de l'assistant à maîtrise d'ouvrage sur la position du maire, ça m'intéresse beaucoup. [00:20:25] Myfanwy Boudry: Je pense que, honnêtement, on a eu une situation idéale parce qu'il y avait un engagement politique pour la démarche qui nous a permis de faire beaucoup de choses. Donc ça, c'est la première condition pour faire ce genre d'émission. Et une vraie confiance dans le sens où on a présenté les scénarios avant de vous les présenter à vous. Et même lorsque vous étiez présents dans des temps de co-construction, il y avait un mot d'introduction. qui portent le projet, mais en même temps, la place était celle donnée aux habitants. Et je pense qu'il y a un équilibre aussi à trouver, d'avoir des figures d'autorité présentes sur place qui sont capables de donner des réponses que nous, on n'a pas encore. Ça permet juste d'améliorer le dialogue. Donc moi, je suis ravie de comment ça s'est articulé. [00:21:08] Jeanne Tallon: J'ai une question peut-être plus large. [00:21:16] Myfanwy Boudry: Je sais que sur la commune, il y a des grands travaux pour l'amélioration des transports en commun. avec le TZN, donc un recul de la voiture, et même sur le parc, on réfléchit à comment valoriser les mobilités douces avec un parcours cyclable. Et comment vous voyez des stratégies pour changer les habitudes des habitants ? Parce qu'on peut avoir beaucoup de réfractions, il y a des habitudes de mobilité qui sont là. Quelle est votre perception sur ce sujet qui impacte beaucoup la commune aujourd'hui à travers ses différents travaux structurants ? [00:21:47] Stéphane Raffalli: C'est étonnant votre question parce qu'hier soir, on était en réunion publique pour présenter deux projets majeurs. L'arrivée du tram 12 express qu'on attend depuis 60 ans à Rissangis, cette liaison entre Évry et Massy qui sont les deux poumons économiques et universitaires de notre département et qui passera en lisière de Rissangis. Et le projet du TSN4, ce bus électrique de 24 mètres qui reliera les villes populaires du centre Essen, donc un transport tangentiel, banlieue-banlieue et un transport intramuros. Et on a eu ce débat, c'est-à-dire comment encourager la bifurcation vers les transports publics plutôt que d'utiliser la voiture qui est encore aujourd'hui à essence. Et je pense que l'offre de mobilité, les conditions de confort, d'accessibilité de ces lignes nouvelles, l'accès à l'emploi, l'accès aux loisirs, à la culture, l'accès aussi à des territoires voisins souvent ignorés, c'est absolument essentiel. Et plus on offrira de possibilités, on est en train de travailler, par exemple, vous le savez, des navettes fluviales qui nous permettraient depuis la Seine de rejoindre le cœur de la capitale, c'est un projet extrêmement difficile à mener. Que les banlieusards rentrent dans Paris par la Seine, c'est une gageure qui n'est pas acceptée spontanément, notamment par les Parisiens, on peut le dire comme ça, c'est l'histoire éternelle entre la périphérie et le centre de notre métropole. Mais on y travaille, donc à chaque fois qu'on pourra créer des tangentiels, des radiales et des transports intramuraux, je pense qu'on gagnera en je dirais, en bilan carbone. [00:23:33] Jeanne Tallon: Super. Merci beaucoup d'avoir joué le jeu. Et finalement, vous n'aviez pas besoin de moi pour poser les questions dans ce podcast. Mais néanmoins, nous arrivons à une dernière question que je vais tout de même vous poser. Il s'agit d'une question que nous posons à tous nos invités dans toutes les langues du podcast. Selon vous, Qu'est-ce qu'une smart city, ou du moins, qu'est-ce que devrait être une smart city, c'est-à-dire une ville dite intelligente ? Myfanwy Boudry. [00:24:01] Myfanwy Boudry: Pour moi, une ville intelligente, c'est une ville qui est capable de dialoguer avec tous ses acteurs à tous les niveaux. Ça peut être difficile d'impliquer les petits acteurs dans des gros projets urbains. Et pour moi, c'est là vraiment la clé. Faire en sorte que les projets urbains servent le territoire, c'est en rassemblant tous ses acteurs. Et après, il y a de nombreux outils qui permettent de faire en sorte que On a tous ces parties prenantes impliquées. Pour moi, c'est vraiment la clé d'une ville intelligente, c'est cette dimension collective. [00:24:29] Stéphane Raffalli: La ville intelligente, c'est celle, et ça renvoie au sujet qu'on a évoqué tout à l'heure, qui est en capacité d'avoir un rapport apaisé avec le vivant, avec la nature, de sortir des logiques de métropolisation telles qu'on les a connues ces dernières années, ce qui permettra, je pense, une meilleure cohésion aussi des territoires métropolitains, où on sent tout de même un schisme entre différents territoires, au sein de ce grand ensemble, plus on écoutera les habitants, plus ils nous demanderont en réalité de travailler au rapport à la nature. Mais évidemment, on le fera que si on arrive à démontrer que la nature ne nous divise pas et que ce rapport nouveau avec le vivant nous permet à la voir d'être émancipée, de rester libre et d'avoir une prospérité pour notre vie future. Je pense que la vie d'intelligence, c'est celle qui libère notre avenir. Je pense que c'est la définition que je donnerais spontanément. [00:25:33] Jeanne Tallon: C'est une très belle définition. Merci beaucoup. [00:25:35] Jeanne Tallon: Merci à vous deux. [00:25:36] Jeanne Tallon: Merci, Myfanwy Boudry, Stéphane Raffalli. Merci d'avoir participé à cet épisode, ce premier épisode en français de Smart in the City, de nous avoir parlé du projet de réaménagement du Parc de la Theuillerie à Ris-Orangis, de nous avoir parlé d'assistance à maîtrise d'usage et de nous avoir parlé de l'importance de remettre le vivant au cœur de l’urbain. Merci beaucoup. [00:25:56] Jeanne Tallon: Et pour tous nos auditeurs, n'oubliez pas que vous pouvez toujours créer un compte gratuit sur bable-smartcities.eu pour en savoir plus sur les projets, les solutions et les mises en œuvre de villes intelligentes et durables en Europe. Merci beaucoup. [00:26:10] Tamlyn Shimizu: Thank you all for listening. I'll see you at the next stop on the journey to a better urban life.

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